Nous gravissons la montagne avec Jésus, Pierre, Jacques et Jean. Dans la mentalité sémite, la montagne à cause de son altitude, est le lieu où la terre rencontre les cieux. C’est souvent le lieu sacré propice à la rencontre de Dieu, lieu de la révélation du Seigneur. C’est sur une montagne que Jésus apparaît transfiguré. Il devient comme transparent dans la profondeur de son être. Les disciples entendent la voix du Père confirmant son identité.
Il est le Bien-Aimé en qui le Père met tout son amour et celui qu’il faut écouter et suivre. Les disciples saisissent la profondeur de la relation de leur Maître avec Dieu le Père. Ce moment d’extase et de plénitude les rend heureux. Mais il leur faudra redescendre dans la plaine et marcher avec Jésus vers Jérusalem, lieu du grand refus, lieu du drame de sa passion et de sa mort. La foi déplace ; elle invite à ne pas s’installer, à reprendre continuellement la route. Il n’est pas facile de se laisser « déplacer », de recommencer, de changer ses perceptions, d’aller vers le monde tel qu’il est, de s’investir dans des tâches nouvelles. L’écoute du Bien-Aimé de Dieu nous invite à opérer ces déplacements à l’exemple de tous ces croyants (es) qui, à partir d’Abraham ont dû quitter, risquer l’inconnu, se mettre à la recherche de la vérité. Au fond, c’est une invitation à ne pas fixer sa tente quand on a envie de dire : « Si ça pouvait durer!» Forts de nos convictions, de notre foi, après avoir été transfigurés, il nous faut descendre de la montagne et marcher vers des terres moins connues, habitées elle aussi par Dieu.
Extrait du guide « Carême » de l’auteur et Prêtre Gabriel Chénard.