Le mot carême est une évolution du mot quadragésime qui signifie quarantaine. Chaque fois qu’un juif entendait le mot quarante, il pensait à cet exode, à cette libération, à ce séjour au désert qui avait duré quarante ans. Moïse était resté quarante jours sur la montagne. Élie avait marché quarante jours au désert. Et nous, en ce carême, sommes-nous capables de marcher quarante jours ?
En cé début de carême, nous sommes invités à marcher avec Jésus au désert. Le désert comme lieu géographique, n’est pas très invitant. C’est un endroit inhospitalier, pour ne pas dire inhabitable. C’est un lieu au vaste horizons, sans repères et sans guides. Dieu a voulu faire passer son peuple à travers cette terre stérile pour se manifester comme le guide du peuple qu’il avait choisi. Cette traversée du désert a été marquée à la fois par l’infidélité du peuple qui murmure sans cesse et rêve à l’état d’esclavage qui lui semblait meilleur ; et par fidélité et la prévenance de Dieu (nourriture, eau, serpent d’airain). Le passage au désert est le chemin suivi par Jésus au début de son ministère. Le Serviteur de Dieu renonce à des biens matériels et superficiels pour se laisser nourrir par la Parole de Dieu.
Nous connaissons tous des traversées du désert : des doutes, des remises en question, des moments de stérilité, des passages à vide, des pertes d’orientation. Nous sommes invités, quand nous sommes au pays du désert, à retourner à nos premières amours, à nous souvenir de ce à quoi et à qui nous tenons, à renouer avec ce qui nous fait vraiment vivre. Le carême devient un moment favorable pour opérer des réorientations, des ré-ajustements nécessaires. Cette opération-vérité, ce retournement de tout l’être s’appelle la conversion.
Extrait du guide « Tu aimes le monde et nous marchons avec toi » de l’auteur et Prêtre Gabriel Chénard.